tell me more about you Londres, le 6 janvier 2002
maison des Bellamy
«When i see you every day i say 'Hello little girl'» Une grimace. Une moue concentrée. Je pose mes mains sur ma guitare, beaucoup trop grande pour mon corps d'enfant. Fa#, si m, mi, la, do#. Je fais un grand sourire, tout fier de moi
«Maman, maman !» Elle releve la tête, me regardant dévaler les escaliers et manquer de rater la dernière marche, la lanière de ma guitare toujours autour du cou. Maman, elle aime beaucoup les Beatles. C'est pour ça que je travaille depuis un mois ce morceau. Et puis surtout, je sais que son préféré c'est Paul. C'est pour ça que j'apprends à jouer de la main gauche. Parce que je l'aime beaucoup ma maman. Et j'aime bien quand elle me regarde avec ses yeux remplis de fierté.
J'essaie de le refaire devant elle, murmurant les paroles. Je sais pas encore jouer et chanter en même temps. Mais je vais apprendre ! Meh. Mauvais accord. Maman rigole tandis que je continue à jouer, et bientôt, elle se met à chanter les paroles. Je les comprends pas très bien les paroles. Mais papa m'a dit que les paroles étaient très tristes et très belles. Mon papa il s'y connait très bien en texte, il travaille dans une grande maison d'édition.
«Je veux que ce soit ça mon métier» Je tapote ma guitare avec mon index et maman passe la main dans mes cheveux, un sourire aux lèvres. Maman, elle sera toujours là pour me supporter, même quand la maîtresse dit que c'est pas un métier sur, et qu'il faut que la guitare reste un loisir. Mais de toute façon je l'aime pas la maîtresse. Elle fait peur.
Londres, le 21 mars 2007
psychologue
«Deux infinis, milieu» Le groupe de soutien donnait toujours matière à réfléchir. Premièrement parce que je suis celui qui a le trouble psychologique le plus léger. Je sais même pas ce que je fous là en fait. Je me contente d'écouter, de parler quand on me demandait, et de m'emmerder profond. Great. J'aurais préféré prendre des médicaments, mais mes parents ne veulent pas, alors je me retrouve coincé entre le dépressif et la maniaque compulsive, me demandant ce que j'ai bien fait au monde pour mériter un tel châtiment. Je soupire, m'attirant un regard noir de la part de la maniaque, auquel je réponds par un regard suffisant. Bloody hell.
«Alastair ? Pourrais-tu nous faire part de tes inquiétudes du moment ?» Dave. Of course. C'est le psychologue de mon quartier. Je pensais qu'il était gentil lorsque je l'ai vu la première fois. Il était venu dans mon lycée pour faire une intervention. Il m'a vu m'énerver sur mon casier et m'a fait faire des tests. Résultat : cyclothymie. Yeah hey. Bon, le point positif de ce truc, c'est mon don pour la musique. Moi qui pensais être un virtuose, c'est juste mon cerveau qu'est détraqué. Great, uh ? Dave dit que l'un peut aller avec l'autre. Mais je suis pas sur d'avoir confiance en lui de toute manière.
«Et bien je n'en ai pas vraiment. Excepté mon contrôle de maths de demain que je vais surement foirer parce que je suis avec une bande de psychopathe au lieu de réviser. Sans aucune mauvaise pensée hein ?» Je lance un regard autour de moi, et vois que des regards blasé, voire certain blessé. Aucun humour.
«Vous sentez pas coupable. De toute façon, j'ai jamais rien capté aux matrices alors.. Bon par contre j'ai un essai de philo à faire jeudi et ça sera carrément votre faute si je le rate» Je m'affale sur ma chaise, n'attendant pas la permission, et crois mes bras sur ma poitrine, attendant patiemment que la séance se termine.
Winston Oaks Hills, le 12 septembre 2012
Lewis Coffee
«Someday I'll pay the bills with this guitar» Une annonce parlait de la possibilité de jouer de la guitare ce soir. Un test, et si ça plaisait, je pourrais revenir, et éventuellement être rémunéré. No pressure, uh ? Mais j'ai carrément géré. Du coup, j'ai arrêté de demander de l'argent à mes parents, parce qu'entre ça et les cours que je donne aux trois mioches qui veulent faire de la guitare dans cette ville, je peux carrément vivre ma vie d'adulte. Et je la trouve pas contraignant. Je suis pas de ce genre d'artiste qui veulent la gloire, la richesse et toutes ses conneries. Cette vie me plait.
J'entre dans le café, et lance un grand sourire au barman, en train de ranger des verres à cocktail
«Hey, buddy !» la scène est déjà prête et j'ai à peine le temps de commander une vodka sunrise que le patron me demande sur scène. Je monte rapidement sur scène, jouant nerveusement avec la lanière qui maintient ma guitare contre mon torse.
«Salut tout le monde ! Erm.. Je m'appelle Alastair, pour ceux qui n'étaient pas là hier, où lundi.. Ouais ça fait déjà quelques jours que je suis là, je songe à refaire la déco d'ailleurs. Genre foutre un petit géranium juste là. Ouais, ça va être bien. Ça va être très bien même.» Je me gratte la gorge nerveusement. Carrément pas habituer encore. Je suis pas timide généralement. Mais quand je stresse, je me mets vraiment à dire tout ce qui me vient par la tête et.. wow. Une référence française, vraiment ?
«Bref. J'ai comme tradition de toujours commencer par les Beatles. So.. Here we go !» Encore un sourire gêné. Ew ew ew. Je pose mes mains sur le manche et forme l'accord de si.
«In spite of all the danger, in spite of all that may be, I'll do anything for you. Anything you want me to if you'll be true to me» Yup. Ma vie est plutôt cool actuellement.