that's how a superhero learns to fly

Winston Oaks Hills avait beau être une ville calme et paisible, cela n’empêche pas qu’il peut y avoir des accidents grave. Dans la matinée par exemple, un bus de lycéen s’était renversé, sur la route direction Brighton. Apparemment, ils allaient visiter l’université. Heureusement, pas de mort, que des blessés. Grave certains, mais d’après les médecins ils allaient s’en sortir. Mais je pense que la chose la plus horrible que j’ai vu ce matin là, c’était ce gosse qui apparemment dessinait dans ce bus. Et au moment de l’accident, son crayon s’est enfoncé… dans son œil. Sans le crever, comme si il était passé au dessus. Je ne saurai absolument pas l’expliquer mais je sais juste que c’était dégueulasse à voir et le gosse souffrait. C’était donc après avoir ramené ce gamin aux urgences que nous étions retournés à la caserne. Certains de mes collègues étaient rentrés chez eux, mais j’étais resté là, dans la cuisine de la caserne. J’avais prit un coca dans le frigo et je m’étais assis là, à m’amuser avec une balle de tennis qui traînait là. Je la faisais rouler sur la table, me la passant d’une main à l’autre sans la lâcher des yeux. Je ne savais même pas ce qu’elle foutait là, mais elle y était. J’étais totalement perdu dans mes pensées, entre ce gamin avec un crayon dans l’œil, ma sœur qui s’est tapé mon meilleur ami (l’inverse c’est pareil), et puis Lana qui faisait aussi attention à moi que si j’étais un petit pois dans une assiette.

J’entendais alors la porte s’ouvrir derrière moi, quelqu’un entrait dans la cuisine. Je sortais de mes pensées, sans pour autant arrêter de jouer avec cette balle. La personne qui était entrée arriva devant moi et je relevais légèrement la tête pour reconnaître Matéo.

« Salut... Ça va ? »

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La matinée n'avait pas vraiment été de tout repos malheureusement. Matéo, comme beaucoup d'hommes, préférait poser ses fesses sur une chaise et ne rien fait ou supervisé les petits nouveaux plutôt que de partir en intervention. Mais quand on a pas le choix... Eh bien on fait avec et aujourd'hui il y avait eu ce problème de bus scolaire. Ça avait mobilisé pratiquement toute la caserne, y compris l'espagnol avant qu'il soit dépêché à un début d'incendie ailleurs. Bref il avait couru toute la journée et il n'en pouvait plus. Qui avait dit qu'il était pompier juste pour draguer les infirmières ?

Épuisé, Matéo décida d'aller se chercher quelque chose à la cuisine. Ce n'était pas ce soir qu'il allait sortir en boite ou même au bar, ça c'était sûr. Le brun remarqua en entrant qu'il n'était pas seul. Il prit un soda dans le frigo avant rejoindre Anakin, s'asseyant en face de lui, près à réceptionner la balle. Décidément, son ami ne semblait pas être au meilleur de sa forme aujourd'hui et il ne pouvait que le comprendre vu tous les problèmes qui lui prenaient la tête en ce moment.

-Salut, ça a l'air d'aller aussi bien que toi.

Matéo attrapa sa balle avant de la lui renvoyer.

-Qui commence les confidences ?

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Je jouais avec une balle comme un idiot lorsque j’entendis quelqu’un entrer dans la cuisine. Cela ne m’empêcha pas de continuer ce jeu, au contraire, je sortais juste de mes pensées. Relevant la tête, je voyais mon ami Matéo qui semblait épuisé. L’accident de bus avait mobilisé toute la caserne, puis une partie avait été appelée pour un incendie, ailleurs. Matéo devait en faire partit. Je lui demandais comment il allait, alors qu’il s’asseyait en face de moi avec un soda, me répondant qu’il allait certainement aussi bien que moi. Et vu sa tête je voulais bien le croire. Je hochais légèrement la tête et lui envoyait la balle que j’avais en main. Il la réceptionna sans problème, avant de me la renvoyer. Je la rattrapais et buvait une gorgée de mon coca. Mon ami me demanda qui commençait les confidences. Je le regardais un instant, avant de répondre en lui renvoyant la balle de tennis.

« A toi l’honneur. »

De toute façon, je ne savais pas par où commencer. Ma sœur et mon meilleur ami ou la fille qui me plaisait mais qui ne faisait absolument pas attention à moi ? Et même ce qu’il s’était passé ce matin n’arrivait pas à sortir de mon esprit. Pauvres gosses n’empêche, ils n’avaient rien fait de mal, ils allaient simplement à Brighton et il fallait que ce bus se renverse.

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Il fallait les voir, tous les deux, avec leurs têtes de déterrés. Si d'ordinaire Matéo était plutôt sûr de lui, là il n'était pas sûr que s'il sortait dragué il ramènerait beaucoup de filles, surtout qu'avec l'incendie, il ne sentait pas vraiment la rose. Et les voilà maintenant qui buvaient leur coca en se renvoyant une malheureuse balle de tennis, pitoyable. Ils étaient tellement ridicules, paumés, juste hors services.

-J'aime toujours commencez les réjouissances.

L'espagnol lâcha un petit soupire avant de lever les yeux au ciel, crispant quelque peu ses doigts sur sa canette.

-Ma sœur est enceinte. Et il s'est passé des trucs... bizarres avec Althéa.

Et oui tout ça en même temps. Même si ça ne tenait qu'en deux petites phrases, ça pesait lourd sur le coeur du beau brun. Entre ça et le boulot aujourd'hui, il ne pouvait pas être dans une pire situation.

-Aller, j't'écoute.

Chacun son tour. Chacun ses emmerdes. Passe le message à ton voisin.

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On devait avoir l’air malins, avec Matéo, attablé dans la cuisine de la caserne, avec tous les deux un coca. Et cette balle. Une putain de balle de tennis qui traînait là et avec laquelle j’avais commencé à jouer avant que mon ami ne me rejoigne. Et il avait commencé à jouer avec moi. Nous étions à peu près dans le même état, tous les deux. Des zombies. Et apparemment, ce n’était pas seulement du au boulot. Enfin pour ma part j’en étais certain, et pour Téo, je m’en doutais fortement. J’avais proposé à Téo de commencer à parler, alors que je buvais une gorgée de ma canette. Par chance, lorsque Matéo m’annonça ce qu’il avait sur le cœur, je réussis à ne pas m’étouffer avec le coca. Ok. Sa sœur enceinte, j’étais au courant. Je l’avais croisé pas plus tard que… hier. Ou avant-hier. Et elle avait fini par avouer. Enfin je l’avais deviné. Et je me doutais de ce que Matéo ressentais, j’avais moi-même une petite sœur et je ne sais pas comment je réagirais si du jour au lendemain, elle tombait enceinte comme ça. Merde. En y pendant, dans ma tête, c’était comme si une alarme se mettait à sonner. Et si en couchant avec Eliott elle aussi était tombée enceinte ? Je n’avais pas pensé à ça jusqu’à maintenant. Merde merde merde. Il ne manquerait plus que ça bordel.

Des choses bizarres avec Althea ? En gros, nous avions presque les mêmes « problèmes » avec Téo. Un problème de sœur et de fille. Sympa. Je soufflais et lui renvoyais la balle.

« Merde. J’vois le genre… »

Bon, je devais quand même lui dire que je savais pour sa sœur, quand même.

« Ta sœur je savais, je l’ai croisé hier… ou avant-hier et elle me l’a dit. Enfin, j’ai fini par le deviner. Et tu entends quoi par des trucs bizarres avec Althea ? »

Je haussais un sourcil, puis il m’annonça que c’était mon tour. Je bu une autre gorgée de ma canette, avant de lui répondre.

« Je suis pas loin de toi… Ma petite sœur a couché avec mon meilleur ami, ou on dit plutôt mon meilleur ami a couché avec ma sœur ? ‘fin bref… Et y a une fille qui me… Plait. Mais elle s’en fou. »

Puis sans oublier la petite aventure du bus ce matin...

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Cette balle qui faisait des aller-retours entre les deux pompiers, si quelqu'un les regardait il aurait certainement fini par attraper le tournis. Ils étaient las et ça se voyait dans leurs échanges. Putain. Matéo avait toujours aimé sa vie, tranquille, sans embrouille, sans prise de tête. Pourquoi est-ce que ça changeait ? Est-ce que quelqu'un avait décidé qu'il devait devenir un adulte ? Il aurait préféré s'en passer.

-T'apprends des trucs sur ma sœur avant moi... Cool. J'suis vraiment le dernier au courant.

Il lança alors la balle un peu plus fort, agacé, mais tout de même pas assez pour qu'elle sorte de sa trajectoire initiale. Il détestait ça, ne pas savoir. Comme s'il ne comptait pas, comme s'il ne servait à rien ou pire qu'il puisse être nuisible. Pensait-elle vraiment qu'il allait la renier ? Il était son frère... Il soupira, en continuant inlassablement de renvoyer cette balle.

-Je te jure que quand je mettrais la main sur le père, je lui mettrais la tête dans le mur.

Aller, la beau brun aller devoir se lancer sur Althea et là ça allait être particulier. Il ne savait pas comment décrire la chose, il ne savait déjà pas comment se le décrire à lui-même alors à quelqu'un d'autres... Mais peut-être qu'essayer de mettre des mots dessus arrangerait les choses.

-En fait, elle est rentré à moitié morte cette semaine, enfin, elle était dans un sale état et ça m'a mis tellement en colère... Elle avait l'air si fragile putain. Althea elle est beaucoup de choses mais pas fragile. Je voulais qu'elle se sente mieux alors on était tout les deux dans mon lit et à un moment on s'est embrassé. C'était un accident, vraiment mais... C'était vraiment trop bizarre. Je sais pas comment le dire mais, j'ai réagis comme un con, comme si rien ne s'était passé mais à chaque fois que j'y pense bordel... C'est pas censé se passer comme ça.

Ils étaient meilleurs amis, jamais ils n'avaient pensé à autre chose. Pourquoi est-ce qu'elle le perturbait autant à présent ? Téo finit par déclarer que c'était autour d'Anakin de lui faire part de ses malheurs et il leva les yeux vers lui en rattrapant la balle de tennis. Ah les sœurs, et les meilleurs amis, et les filles, tout ça, ça ramenait que des problèmes. Putain, ils étaient dans la merde, tous les deux.

-Je te jure, les sœur faudrait les enfermer. Elles font que des conneries.

Matéo soupira, encore, baissant les yeux avant de relancer la balle.

-Et les filles... C'est vraiment quelque chose. Mais t'sais, peut-être qu'elle s'en fout, des fois elles nous expliquent qu'elles envoient des signaux chelous et tout, comme si on pouvait les capter. Peut-être qu'elle t'envoie des signaux ?

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Heureusement que personne n’était là pour nous voir jouer avec cette balles comme deux idiots. Ou deux zombies, vu notre état. Tout ce qu’elle faisait, c’était des allers-retours, sans jamais loupé sa trajectoire. Matéo m’annonça que j’avais su pour sa sœur avant lui. Pourtant, quand elle me l’avait annoncé (ou plutôt quand je l’avais deviné), elle n’avait pas fait mention qu’elle n’avait encore rien dit à son frère. Matéo lança la balle un peu plus forte mais je la rattrapais tout de même, un peu surpris.

« Désolé… »

Je lui relançais la balle avant de boire une gorgée de mon verre. Je pensais alors à ma sœur. Et il Eliott l’avait lui aussi mis en cloque ? Il serait un homme mort. Je comprenais totalement la réaction de Matéo lorsqu’il me dit qu’il lui mettrait la tête dans le mur, au père, lorsqu’il lui mettrait la main dessus.

« J’imagine… Je ferais pareil je crois. »

N’arrêtant pas de lui renvoyer la balle, je l’écoutais me parler d’Althea, sa colocataire et meilleure amie. J’ouvrais grands les yeux lorsqu’il me dit qu’elle était rentrée à moitié morte cette semaine. J’espérais qu’elle allait mieux, et je comprenais pourquoi Matéo était en colère de la voir comme ça. Si j’avais été à sa place, j’aurais réagit de la même façon. Lui relançant encore une fois la balle, je le regardais. Je pouvais imaginer ce qu’il ressentait. Je ressentais presque la même chose avec Lana, c’était la première fois qu’une fille me faisait un tel effet et c’était vraiment bizarre, pour moi.

« Ouais je vois… Mais depuis, vous en avez reparlé ? Tu sais à force peut-être que vous avez développé des sentiments autres que de l’amitié… C’est possible tu sais, surtout quand on voit comme vous êtes proches ! Enfin j’sais pas… j’crois que je serais autant paumé que toi. »

Téo fini par me dire que c’était à mon tour. Je me lançais alors, commençant par ma sœur et Eliott avant de parler de Lana. Je hochais la tête, approuvant l’idée de Matéo lorsqu’il me dit qu’il faudrait enfermer les sœurs, car elles ne faisaient que des conneries.

« Exactement. Les enfermer en haut d’une tour, sans aucun moyen de sortir. »

Je soupirais et rattrapais la balle de Téo. Je buvais une gorgée, encore une fois, avant de lui relancer la balle.

« Faudrait un décodeur de filles, sérieux. Parce que je comprends vraiment pas les signaux que Lana m’envoie, si elle m’en envoie. Je l’ai invité à boire un verre, et elle a dit qu’elle accepterait seulement si je lisais un livre. Un livre ! Et le pire c’est que je l’ai lu ce bouquin… »

Mais toujours rien. Mais elle n’avait pas dit non, c’était déjà ça. J’avais eu le droit à un peut-être. J’avais fais un petit pas en avant.

« Et c’est la première fois que j’ai peur de dire une connerie, de faire quelque chose de travers… »

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Alors que Matéo annonça à son collègue ce qu'il ferait du père du bébé de sa sœur quand il le retrouverait, Anakin approuva. Il ferait pareil ? Par conséquent ce n'était pas une mauvaise réaction, même si Eléanor ne semblait pas tout à fait d'accord avec ça. Mais merde, il fallait qu'il ait un responsable, quelqu'un à qui faire payer de bouleverser toute sa vie et celle de sa sœur. C'était peut-être un raisonnement stupide, mais à partir du moment où la multitude le partageait, c'est comme s'il était justifié.

-Tu crois qu'elle me fera la gueule si je casse quelque chose à ce mec ?

Un bras, une jambe... Ou un œil au beurre noir, au minimum. Attrapant la balle au vol, l'espagnol soupira, baissant la tête avant de la renvoyer à nouveau. Si seulement tout avait pu rester aussi simple.

-Non, on en a pas reparlé, j'arrête pas de faire comme si de rien n'était. Je... Je sais pas, t'as peut-être raison mais, j'ai pas envie que les choses changent. Tu crois vraiment qu'après presque vingt ans d'amitié on peut développer... autre chose ?

Ouais autre chose, parce qu'il était hors de question pour Matéo de parler d'amour, parce que ça lui faisait peur. Et pour être paumé, ça il l'était ouais, mais c'était rassurant de voir que ce n'était pas si étrange que ça. Il esquissa alors un petit sourire à l'intention d'Anakin avant de renvoyer la balle, encore, et d'écouter ses problèmes à lui.

-Non mais les signaux... C'est des conneries aussi ça, comme si quelqu'un de normal était capable de comprendre, c'est que dans leur tête que c'est clair.

Il avait lu un bouquin, sérieusement ? Juste pour une fille qui lui portait à peine de l'intérêt ? Téo arqua un sourcil, se retenant de rire. Et puis s'imaginer Anakin avoir peur de dire de la merde... Ouais, c'était drôle.

-Putain mec mais t'es amoureux en vrai. Tu vas devoir lire une bibliothèque avant de coucher avec.

Ouais c'était petit, et pas très malin, c'était Matéo quoi. Mais au fond, même s'il avait l'air de se moquer, il compatissait, vraiment.

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Matéo avait la réaction de tout grand-frère. Et quand ce dernier me demanda si sa sœur lui ferait la gueule s’il cassait quelque chose au mec qui l’avait mise enceinte, je me doutais parfaitement qu’elle aurait la réaction de toutes les petites sœurs.

« Au début ouais… Mais elle tiendrait franchement pas longtemps. »

Si Eléanor était comme ma sœur, elle ne tiendrait pas longtemps. Willie me faisait la gueule parfois, mais jamais très longtemps. Et ce quoi que j’ai fais. Mais là, la situation entre elle et moi n’était pas la même. Je ne savais pas vraiment qui faisait la gueule à qui, si quelqu’un faisait vraiment la gueule à vrai dire. Je pense que j’avais juste besoin de temps avant de la revoir. Elle, ou même Eliott. Ouais voilà. Du temps. C’était certainement tout ce dont j’avais besoin, et Matéo aussi je pense.

« Vingt ans ? Oula ouais… Mec la c’est plus que possible de développer ‘autre chose’. »

Je lui souriais. Je le connaissais assez pour dire qu’il était dans une situation nouvelle. Comme moi en fait. Et c’était assez marrant de le voir comme ça, perdu à cause d’une fille. Sa meilleure amie qui plus est. Et puis on en arrivait à Lana. Ma situation qui pouvait se rapprocher de celle du pompier en face de moi, en quelques sortes. Buvant une gorgée de mon soda, je fini par hocher la tête concernant les signaux. Nan mais sérieusement, il n’y avait vraiment que les filles qui les comprenaient. Si un jour, quelqu’un a l’idée d’inventer un décodeur, de un, cette personne serait un génie, et de deux, elle deviendrait riche. Vraiment riche.

Je relevais les yeux vers Matéo lorsqu’il me dit qu’avant de pouvoir coucher avec elle, j’allais devoir lire une bibliothèque. Et bizarrement je trouvais ça totalement possible. Je bloquais un peu, la balle en main, avant de déclarer, riant légèrement.

« Le pire c’est que j’en serais capable tu sais quoi. »

Et c’était vrai. J’étais capable de faire tout ce que Lana me demanderait pour pouvoir sortir avec elle. Vraiment tout. Même lire une bibliothèque entière. Même si ça me prenait des années.

« Y a des fois j’me fais peur. »

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Matéo esquissa un sourire en entendant la réponse de son ami. Elle tiendrait pas longtemps hein ? Il fallait espérer, parce qu'il avait vraiment envie de lui refaire le portrait à ce couillon, et il n'avait pas particulièrement envie que sa sœur lui en veuille à vrai dire. Ils avaient l'habitude de se prendre la tête, ça c'était une certitude, mais sur des sujets bien plus futiles et sans grandes conséquences.  

-J'espère.

Vingt, les gens trouvaient toujours cela énorme mais pour le pompier c'était juste... naturel. Après tout, ils étaient simplement amis d'enfance, simplement. Pourquoi est-ce que passer autant de temps avec quelqu'un pouvait transformer une relation ? Le brun avait toujours penser que c'était l'inverse, que ça se consolidait... mais pas en changeant ainsi de direction. Il y opposait comme un refus catégorique sans même essayer de réfléchir aux réelles conséquences, aux avantages ou... Non. C'était bien trop compliqué.

-Non mais, c'est peut-être pas ça t'sais, c'est peut être juste, j'sais pas, une passade tu vois.

Le passage de la balle avait commencer à ralentir, comme si raconter leurs divers problèmes les empêchait de faire deux choses à la fois. Non, dans ce genre de situation, c'était pas possible de faire deux choses à la fois parce que leurs émotions prenaient toute la place dans leur tête. Il en serait capable ? Matéo arqua le sourcil un peu surpris. A vrai dire il avait bien cerné qu'Anakin était amoureux, ou en tout cas, bien bien attiré, mais à ce point ça en devenait inquiétant mais il finit par en rire. Rien que l'idée de le voir lire une bibliothèque l'amusait.

-Putain, à moi aussi tu fais peur, t'es pas dans la merde mon gars tiens... Contente toi de la bibliothèque hein, commence pas à te battre pour lui prouver ton amour, j'te ramasserais à la petite cuillère après, et puis, je te vois pas en chevalier, l'odeur de brûlé de sied bien mieux que celle du cheval.

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Après le sujet ‘petite sœur’, c’était le sujet ‘filles’ qui était mis sur la table. J’écoutais Matéo me parlait de ce qu’il se passait plus ou moins entre lui et Althea ces derniers temps. Depuis vingt ans ? C’était énorme. Enfin quand on y pensait, Eliott et moi étions meilleurs amis depuis aussi longtemps. Mais quand c’était une amitié filles, garçons, je pense qu’il est totalement possible que d’autres sentiments se développent. Parfois oui, parfois non. Enfin je crois. Mais quelque part, concernant Mateo et Althea ça ne m’étonnait pas vraiment. Je haussais les épaules à la remarque du pompier, avant d’ajouter.

« Peut-être ouais… Mais peut-être pas. Tout peut arriver j’pense, même ça...  »  

Je n’étais pas vraiment un expert en relation amoureuse, surtout pas celle du genre sérieuse, qui dure plus longtemps qu’une seule nuit. Et pourtant, j’étais certainement en train d’en vivre une. Si Lana acceptait de sortir avec moi un jour. Et pour l’instant ce n’était pas prêt d’arriver. J’étais encore loin du but. Le passage de la balle de l’un à l’autre ralentissait. Apparemment parler de nos problèmes nous pompait toute notre énergie. Je buvais une gorgée de mon soda, vidant la canette. Je lançais la canette vide jusque dans la poubelle, avant de regarder Matéo. Je riais à sa remarque. Il n’avait pas totalement tord, au fond j’étais bien capable de tout pour prouver à Lana que je… L’aimais.

« J’essayerai de pas me battre alors… »

Je souriais et lui lançais la balle.

« Est-ce qu’on est des cas désespéré tu crois ? »

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Tout peut arriver... C'était sûrement ce qui faisait le plus peur à Matéo. Il était en conscient et c'était certainement pour cette raison qu'il essayait à tout prix de rejeter cette éventualité. Ce n'était pas qu'il avait peur de l'amour mais il n'avait jamais pensé que c'était quelque chose pour lui. Il n'était pas un grand romantique. Il se contentait de coucher avec les filles... et c'était bien plus simple comme ça.

-Ouais...

Le brun continua d'écouter les histoires de filles de son collègue, chacun ses merdes... Le fait qu'il veuille lui faire lire des livres l'amusait beaucoup et il ne put s'empêcher de le charrier. Encore une fois il récupéra la balle, le regardant un peu amusé.

-Tu serais capable de te faire mal et tu foutrais la honte à tous les pompiers...

L'espagnol exagérait sûrement beaucoup mais il ne pouvait pas s'empêcher de taquiner Anakin. Il lui relança de nouveau la balle avant de réfléchir à sa question. Des cas désespérés ? En amour peut-être. Mais la faute à qui ? Aux filles ? Ouais, c'était toujours leur faute de toute façon.

-On est peut-être un peu jeune pour être déclarés cas désespérés, tu ne crois pas ?

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Matéo et moi avions quasiment les mêmes problèmes. Enfin pas totalement, mais ils concernaient les filles. Pourquoi la vie n’était-elle pas aussi simple qu’elle était au lycée ? Pourquoi fallait-il que des sentiments me tombent dessus comme ça, sans prévenir ? Et pourtant, je sentais que c’était ce qui pouvait me rendre heureux. Totalement heureux et fou amoureux. Si seulement elle pouvait simplement accepter de sortir ne serait-ce qu’une seule fois avec moi, que je puisse lui prouver que je peux changer, avec elle. Pour elle. Je relançais la balle à Matéo. N’empêche on devait avoir l’air tellement malins tous les deux, à se lancer une pauvre balle de tennis dans la cuisine de la caserne. Si quelqu’un entrait… Je relevais les yeux en l’entendant dire que je risquais encore de me faire mal et de foutre la honte aux pompiers. J’esquissais un sourire, je savais que mon collègue me taquinait. Même si au fond, il n’avait peut-être pas totalement tord.

« Je m’abstiendrai, promis ! »

Au fond, je n’étais pas sûr de ce que j’étais réellement capable de faire pour Lana. Tout et n’importe quoi certainement. Tout ce qu’elle pourrait éventuellement me demander, je le ferais. Puis je regardais mon ami, lui demandant s’il pensait que nous étions des cas désespérés. Je rattrapais la balle, alors qu’il semblait réfléchir à ma question. Il fini par déclarer que nous étions trop jeune pour être déclarés cas désespérés. Je hochais la tête et lui relançais la balle.

« Et puis c’est pas comme si on ne pouvait avoir aucune filles… ! »

Sauf qu’il n’y en avait qu’une que je voulais. Et bizarrement, je me disais que Matéo pensait la même chose.