I've been sitting here for ages ripping out the pages

C’était loin d’être la meilleure façon de commencer l’année. Et pourtant, l’année précédente s’était bien terminée. Même que le tout début de la nouvelle était bien, lui aussi. J’étais avec Lana, nous allions nous marier et avoir un bébé. J’étais heureux. Comment ne pas l’être ? J’étais amoureux de la plus merveilleuse des femmes que j’avais pu rencontrer et elle portait notre enfant. Nous commencions une vie tous les deux, et bientôt nous serions trois. Mais il avait fallu que tout bascule. Maintenant. Justement aujourd’hui. Tout s’était passé tellement vite, que je n’étais même pas certains de m’en souvenir exactement. J’avais regardé Lana, puis il y avait eu cet animal, les arbres et le tronc qui avait stoppé notre route. Puis plus rien, pendant un moment. De la douleur, de la peur. Lana avait refermé les yeux à l’arrivée des secours et ne les avait pas rouverts depuis. J’avais refusé de la laisser, et j’étais resté prêt d’elle tout le reste de la nuit, à partir du moment où les médecins avaient terminé de s’occuper d’elle. En attendant, j’avais fait les cents pas dans le couloir de l’hôpital. La tête de mule que j’étais avait refusé de se laisser soigner tant que je ne revoyais pas Lana, tant que je ne savais pas comment elle allait. Et si le bébé allait bien lui aussi. Puis un médecin était venu m’annoncer « les bonnes nouvelles ». Alors j’étais allée la voir. Je m’étais installé près de son lit et je veillais sur elle. J’avais essayé de joindre nos familles, mais personne ne répondait encore. Les seules à avoir décroché étaient Charlie et Althea. Qui m’avaient assuré qu’elles arrivaient, rapidement.

Mais Charlie fut la plus rapide. Elle était arrivée la première et était venue directement dans la chambre. Dans un premier temps elle s’était installée près de moi, et attendait, elle aussi. Puis elle m’envoya me faire soigner. Enfin, elle me menaça surtout de me casser l’autre épaule si je ne bougeais pas mes fesses de là pour aller voir un médecin. Alors je sortais de la chambre, à contre cœur. Mais je n’arrivais pas à me résigner à aller voir un médecin, pas avant de savoir qu’elle allait vraiment bien. Pas avant d’avoir pu revoir ses beaux yeux et son magnifique sourire. Alors je marchais, dans l’hôpital, je faisais les cents pas en serrant les dents pour oublier la douleur qui émanait de mon épaule. J’essayais de joindre ma famille, sa mère, mais en vain. Je n'arrivais pas à arrêter de penser. Au pire surtout, encore. Même si le médecin m'avait assurer qu'elle allait s'en sortir. Maintenant que nous étions sortis de cette voiture, je continuais de m'imaginer le pire. Quand une voix que je connaissais bien me sortit de mes pensées...

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Je n’arrivais toujours pas à croire ce qu’il s’était passé. Tout avait si bien commencé, nous étions heureux, et en un claquement de doigt notre bonheur nous a été enlevé, comme ça. Sans prévenir, sans rien. Tout ce que je voulais, c’était prendre ma fiancée dans mes bras. L’embrasser, la regarder. Lui dire que je l’aimais, encore et encore. C’était comme ça que ça aurait du se passer : nous aurions du passer la nuit ensemble, dans les bras l’un de l’autre, pour commencer la nouvelle année. Puis nous aurions passé la journée ensemble, peut-être que Charlie serait venue nous souhaiter la bonne année. Si non, nous n’aurions rien fait, juste passer du temps ensemble, tout les deux. Puis dans les jours suivants, on aurait chacun reprit notre travail. Lana pendant un petit moment, avant d’être en congé. Pendant mes jours de repos j’aurais préparé la chambre du bébé. Je serais allé aux échographies avec elle, on aurait apprit si on allait avoir une fille ou un garçon. Puis le mariage. Et la naissance de notre enfant.

On aurait été heureux.

Mais à la place, la vie nous avait offert un accident. Et Lana était allongée sur un lit, sans bouger, les yeux fermés. J’avais tenté d’appeler tout ce que je pouvais, mais seules Lana et Althea avait décroché. La première était arrivée et au bout d’un moment, elle m’avait menacé pour que j’aille me faire soigner. Elle avait promis qu’elle m’appellerait s’il y avait quelque chose de nouveau, alors j’étais partit. Mais je ne pouvais pas m’arrêter de penser. Alors je faisais les cents pas dans un des nombreux couloirs de l’hôpital, ne cessant de me répéter que tout était de ma faute. J’étais rongé par le remord et la tristesse, lorsqu’une voix connue me sortie de là quelques secondes. Pendant un instant, je pensais que c’était Charlie, venue m’annoncer que Lana avait enfin ouvert les yeux, mais lorsque je me retournais, je me retrouvais face à Althea. Je la regardais, elle reprenait la parole avant que je ne puisse parler.

Je secouais la tête à sa réponse. Ça n’allait pas. Enfin, pas totalement si on veut. Lana allait s’en sortir, et notre bébé aussi. Mais je savais que ça n’irait pas tant que je ne pourrais pas revoir ses yeux et son magnifique sourire. Je baissais les yeux vers le sol.

« Je… J’ai voulu éviter un animal et la voiture à quitter la route… avant de s’arrêter contre un tronc en travers du chemin… »

Je regardais à nouveau mon amie, les yeux remplis de larmes.

« Tout est ma faute Thea… »