Il était une fois un enfant roi. Bilbao, grande ville du nord de l'Espagne où Matéo vit le jour. Quelques années avant sa petite sœur et son petit frère. Ses deux parents étaient espagnols, basques. Son père maçon et sa mère sans travail, mère au foyer comme ça arrive souvent. Elle savait tenir la maison d'une main de fer et se faire respecter des deux petits derniers qui, parfois, n'en faisaient qu'à leur tête. Chez les Artega, ça filait droit.
Matéo était un gamin vif, un peu turbulent. Premier né mâle, il était chouchouté par son père. Il avait beaucoup de rivalité avec sa sœur, ils passaient leur temps à se chamailler sans raison apparente, juste parce qu'ils étaient frère et sœur. Matéo a toujours eu un sentiment de supériorité vis à vis de sa sœur parce que c'était un garçon et vis à vis de son frère parce qu'il était plus grand. Jusqu'à ses 7 ans il a été un insupportable petit garçon, souvent odieux, qu'on ne reprenait que rarement.
Un déménagement et une rencontre qui changent la donne Monsieur Artega perdit son travail. La crise et toute cette merde. La famille déménagea. En Angleterre. Rien qu'à cette les enfants n'étaient pas enchantés. Je ne sais pas si vous imaginez pour la petite troupe familiale de 8, 7 et 5 ans ce que c'était de travers le pays voisin puis la mer pour aller jusque dans leur nouvelle maison. Surtout que les enfants ne parlaient pas un mot de la langue. Les parents si, c'était bien pour ça que monsieur Artega avait été engagé, pour ça et ses compétences de cadre dans le bâtiment bien sûr, c'était là où l'avait mené ses années d'expérience.
Si Matéo était déjà un enfant insupportable, les choses ne faisaient qu'empirer. Evidemment, les parents avaient fait prendre des cours d'anglais aux petits mais à la rentrée le gamin ne savait tout de même que baragouiner quelques mots, décidé à ne pas apprendre à la langue rien que par esprit de contradiction.
Il se retrouva donc bien embêté, à la rentrée, quand il comprit à peine dans quelle classe il était. C'est sa voisine de table qui le prit sous son aile et entreprit de lui apprendre la langue. Sa voisine de table, Althéa. Pourtant, elle était plus jeune que lui d'un an et c'était une fille, tout pour qu'il soit particulièrement odieux avec elle mais il y avait un truc. Déjà il dépendait d'elle pour toute sa scolarité, ne comprenant presque rien, ne sachant pas s'exprimer, elle était la seule à faire l'effort de le comprendre, de l'écouter, de lui expliquer, de l'aider. Rapidement, ils devinrent amis. Matéo n'était pas le genre de garçon à avoir de vrais amis, il était plutôt chef de file, leader parce qu'il était grande gueule et qu'il ne se laissait pas faire mais Althéa, ouais, c'était une amie. Une amie qui lui a redonné pas mal d'estime pour la gente féminine et les autres enfants de son âge, ce qui n'était pas gagné même pour un enfant de primaire.
L'adolescence, les hormones, les conneries, les filles et le reste. Rentrée au collège, nouvelle étape de la vie du petit Artega. Arrivé devant la porte il n'y avait absolument aucune tête qu'il reconnaissait sauf la petite Théa. Heureusement qu'elle était là elle. Aucun des deux enfants n'avaient d'autres amis dans ce collège. Heureusement, ils étaient dans la même classe, ils étaient respectivement le seul point de repère de l'un pour l'autre. Ils devinrent rapidement inséparables. On ne voyait rarement l'un sans l'autre, oh grand désespoir de pas mal de filles quand ils eurent grandit et sûrement aussi de quelques garçons. Matéo n'était pas du genre à draguer devant sa meilleure amie, il savait avoir un peu de tenue.
D'ailleurs les études il en eut rapidement par-dessus la tête. Ses parents refusaient qu'il les arrête alors il continua de suivre les cours au collège puis plus tard au lycée. Il comptait beaucoup sur Althéa pour les cours, ne comprenant pas vite. Il était assez doué en langue mais c'était vraiment les seules matières dans lesquels il excellait. Le fait qu'il était déjà bilingue devait sûrement pas mal aider.
Les plus grands problèmes avec les filles survinrent les veilles de bal d'école. Matéo n'avait pas vraiment de problème pour trouver des cavalière mais plutôt pour choisir. Souvent un peu macho, ça ne semblait pas faire fuir les adolescentes pour autant. Ce jour-là, il avait promis à deux filles de les accompagner. Oui, il y avait plus fin que lui comme garçon. Mais ce jour-là sa meilleure amie n'avait pas de cavalier. Et Théa elle passait avant toutes les autres filles. Alors quand la mère de Théa l'appela pour lui dire que sa fille ne voulait pas aller au bal, le garçon ne mit pas longtemps avant d'annuler ses deux rendez-vous et de filer chez sa meilleure amie.
Et c'était toujours comme ça. Althéa avant les autres, parce qu'elle méritait qu'il remue ciel et terre pour trouver ce qu'elle voulait. Même un copain d'ailleurs, il était près à lui en trouver un. Mais elle semblait indécise, ou trop exigeante, il ne savait pas trop.
Il faut grandir un jour. 18 ans tout pile, ses parents ne pouvaient plus rien lui dire, enfin, dans l'idée, Matéo arrêta ses études. Mais pas pour rien faire et rester dormir chez ses parents, non, il passa le concours pour devenir pompier professionnel et l'obtint haut la main. En même temps, depuis le temps qu'il entretenait sa forme physique. Il avait commencé la boxe au collège et n'avait jamais arrêté. Il s'était aussi pris de passion pour le karting et la course en général, pratiquant à l'occasion. Puis, plus tard, il avait commencé la musculation, pour s'entretenir, pour rester en forme plus que pour plaire aux filles, et ce jour-là ça avait payé. Si auparavant il n'aurait levé le petit doigt pour personne, depuis qu'il fréquentait Althéa c'était différent. Il avait appris à être humain, compatissant et même sympathique. Althéa désirait tellement être au service de son pays que ça avait un peu déteint sur le jeune homme. Il ne reconnaissait que très moyennement le Royaume-Uni comme son pays mais savait reconnaître ses habitants à leur juste valeur. Il voulait les servir eux.
Puis, trois ans plus tard, Théa et Téo se prirent un appartement, rien qu'à eux, rien qu'à tous les deux. Bon, parfois il y avait bien sûr quelques amis, dans le salon, dans les lits, ils faisaient la fête tous les deux parfois, souvent, quand ils ne travaillaient pas. Ils étaient jeunes, ils en profitaient.
Matéo, il ne se pose pas. Matéo, les filles il les prend quand ça vient. Il a l'impression qu'en ce moment ça ne plaît pas trop à Théa, il ne sait pas trop pourquoi ais Matéo il ne se pose pas trop de questions non plus. Théa c'est sa meilleure amie, la femme la plus importante de sa vie, mais son amie. Théa il peut la câliner, ils peuvent dormir ensemble, il n'y aura jamais d’ambiguïté. Matéo, il peut tenir les cheveux à sa Théa si jamais elle va vomir en soirée, il peut frapper les mecs qui insistent un peu trop aussi, et il la console quand elle est pas bien. Il l'emmerde aussi, beaucoup, parce que Matéo c'est un emmerdeur.