Un dernier regard dans le miroir et un sourire sur le visage  en admirant son reflet, Althea est fière de l’allure qu’elle a ce soir, et elle est surtout contente de ne plus avoir aucune marque des coups qu’elle a prit il y a de ça plusieurs jours. Une dernière retouche et la demoiselle sort enfin de la salle de bain sous l’œil attentif de son meilleur ami, déjà prêt et qui semble l’attendre depuis un petit moment. Prenant le temps de glisser son regard sur lui, Théa se met à sourire, c’est qu’il est plutôt canon habillé comme ça ! Avant de se rendre compte de ce à quoi elle est en train de penser. Depuis plusieurs, depuis ce soir là en faite, où elle avait passé la pire journée de sa vie, derrière celle où elle avait apprit qu’elle ne verrait plus jamais son père, la blondinette commence à s’apercevoir que ce qu’elle peut ressentir envers son meilleur ami n’est plus tout à fait comme avant. Elle ne comprend pas pourquoi, ni comment cela se fait et cela l’embête un peu. Il s’agit de son meilleur ami, y penser autrement n’est pas vraiment normal. Pourtant elle ne peut s’empêcher d’y penser, à son corps chaud contre le sien alors qu’il la tenait dans ses bras, à ses lèvres sur les siennes lorsqu’ils se sont accidentellement embrassés…

Se mettant à rire, Althea ferme les yeux, savourant l’instant lorsque son meilleur ami dépose un baiser sur sa joue.

_ Tu sais que je ne me réveille pas comme ça, ça demande du temps et du travail.  

Dit-elle en désignant son corps. C’est le rêve de tout le monde d’être parfaite au saut du lit mais malheureusement cela ne se passe jamais ainsi, il faut du temps, beaucoup de temps et souvent beaucoup d’accessoires et de maquillage. Heureusement pour la demoiselle, elle n’a pas non plus besoin de trop de temps.

_ Je n’ai pas la chance d’être comme toi mon beau.

Un clin d’œil avant de se laisser prendre par le bras pour aller jusqu’à la voiture de son meilleur ami pour monter dedans. Une fois la voiture garé, Téo prit une nouvelle fois le bras de la blondinette pour monter les escaliers jusqu’à l’appartement où se déroulait la fête. Elle n’aurait pu dire pourquoi, mais cela lui fait un certain effet que de sentir le jeune homme aussi proche d’elle. Elle se met à rire de bon cœur.

_ Seulement deux ? J’espère plutôt qu’ils soient tous à mes pieds.

Elle rit à sa propre connerie avant de lever les yeux vers son meilleur ami.

_ C’est plutôt avec toi qu’il faudra faire attention. Tu sais je suis prête à utiliser une lance à incendie pour décoller les grognasses de ton corps.

Elle serait même capable de les chopper par les cheveux et les faire dégager à coup de pied dans le cul mais ça elle s’abstint de le dire à voix haute.
 

C’est qu’il est adorable le meilleur ami, à attendre que la blondinette soit enfin prête. Bien sûr elle aurait pu aller moitié plus vite, mais voilà, l’effet n’aurait pas été le même. Et on peut dire qu’elle en avait fait des efforts, Althea. Dans le choix de sa tenue, dans le choix de sa coiffure, et puis le maquillage. Faut pas croire mais c’était du travail et c’était dans un certain but : être la plus belle ce soir, attiré tous les regards pour ne pas rentrée seule. Pour ne pas passer encore une nuit de plus dans la froideur de ces draps. Depuis son agression, depuis ce qui c’était passé avec Matéo et les nuits qu’ils avaient passés à dormir ensemble, la blondinette avait du mal à retrouver la solitude. La voilà enfin sorti de la salle de bain et elle sourit aux réflexions de son colocataire.

_ Oh mais mon chère sache que je pourrais faire ça en 10 minutes chrono. Je suis belle H24 ! Même au réveil, sache-le !

Lui tirant la langue, Théa attrapa son sac à main avant de sortir de l’appartement au bras de son meilleur ami. Ce qu’elle pouvait l’aimer l’embêter son espagnol. Une fois le trajet en voiture fait, ils arrivèrent sur les lieux de la fête et la blondinette, à peine sorti de la maison, était de nouveau au bras de Matéo. C’était étrange, ce n’était pourtant pas la première fois qu’ils étaient aussi proche, aussi tactiles, mais cette fois, cela lui faisait quelque chose, ça lui faisait battre le cœur plus fort, lui donnait des frissons. Tout ce qu’elle voulait savoir la blondinette était pourquoi. Pourquoi maintenant, pourquoi avec lui.

Elle se met à rire pour cacher ses émotions. Qu’il la kidnappe pour l’emmener dans sa chambre ? Pourquoi ne désirait-elle que cela ?

_ Au moins j’aurais le choix, et puis c’est marrant s’ils se mettent à se battre pour rentrer à mon bras. Et qu’est-ce qu’on ferait dans ta chambre ?

Elle joue se fait du mal la jeune femme, elle ne veut pas savoir au fond, parce qu’après elle ne cesserait pas d’y penser. Mais qu’est-ce qui lui arrivait ! Afin de retrouver un peu de contenance, Althea arrive à lui sortir une blague. Elle jette un regard noir à son meilleur ami alors qu’il doute de ces capacités.

_ C’est vrai que je n’ai pas tes muscles, mais ne doute pas de moi Téo.

Un sourire ravageur sur les lèvres, ils entrent enfin dans l’appartement où se trouvent déjà pas mal de mondes faisant la fête. Son meilleur ami l’entraîne dans un coin et elle le suit en jetant un coup d’œil aux personnes présentes, et surtout aux garçons. Reportant son regard sur le grand brun, Théa se surprend à penser qu’en fin de compte, rentrer aux bras de son meilleur ami et dormir avec lui suffirait aussi.

_ T’es au taquet Téo, où tu as besoin d’un petit défi ?

Elle se brûle la blondinette, elle joue avec le feu et ne va pas tarder à brûler gravement, elle ne veut pas le voir avec une autre fille et pourtant elle le pousse dans ce sens…
 

Matéo lâcha un petit rire à sa réplique. Même au réveil... En fait, il n'avait pas envie de la contredire. En ce moment il la trouvait toujours ravissante, surtout aujourd'hui que toutes ses cicatrices avaient magiquement disparues. Mais ce n'était plus l'heure des taquineries, dans l'immédiateté en tout cas, puisque les deux jeunes gens devaient se rendre à la fête.

Le beau brun emmena sa cavalière jusqu'au lieu, à son bras. Il n'était pas toujours un gentleman, mais c'était Théa. Depuis qu'ils étaient aller au bal du lycée ensembles, il y avait bien peu de sorties auxquelles il ne prenait pas son bras pour l'accompagner. D'habitude ce n'était aucunement pour marquer son territoire mais peut-être qu'aujourd'hui c'était un peu différent.

-Tu n'as pas toujours le choix ? Et puis, ce serait pas drôle qu'ils fassent des dégâts, je voudrais pas qu'ils cassent les bouteilles d'alcool pour tes beaux yeux.

Ce qu'ils feraient dans sa chambre ? Ahah, ça c'était une très bonne question... Ça, ça dépendait de quelle voix de sa tête il écoutait. La raison ou l'envie ? La tête ou le cœur ? C'était trop compliqué pour lui comme situation.

-Repose moi la question à la fin de la soirée...

Matéo commençait à se lancer sur un terrain semé d'embûches...
Le pompier ne put s'empêcher de taquiner sa meilleure amie que la lampe à incendie. Si elle savait, il ne doutait même pas d'elle, mais se moquer était trop tentant. Il se contenta alors de la regarder avec un petit sourire narquois, il sentait déjà qu'elle allait lui en faire voir des vertes et des pas mures.

Ils finirent par entrer dans l'appartement et l'espagnol opta pour un coin au calme avant de se lancer dans la fête, il ne voyait pas le mal que ça pouvait faire d'ailleurs mais Théa embraya aussitôt sur un défi. Matéo choppa un verre d'alcool qui lui passait sous le nez et arqua un sourcil en la regardant.

-Quel genre de défi ? Je sais pas si j'ai besoin d'être stimulé...

Bordel, Matéo avait l'impression de passer pour une mauviette là.

-Tu veux voir lequel s'enfourne le plus de verre de bière ? Attention, ta silhouette de rêve ne t'avantage pas !
 

Théa est bien au bras de son meilleur ami. Depuis le début il n’y que lui pour l’accompagner. C’est fou de penser qu’ils auraient pu passer à côté d’une aussi belle amitié, si le jeune garçon avait pris place à une autre table, c’était placé à côté d’un autre camarade… Mais cela n’a pas été le cas et aujourd’hui, plus de 10 ans plus tard, ils sont toujours là l’un pour l’autre. Pourtant pour la demoiselle, l’amitié qu’elle ressent pour Téo n’ait plus vraiment la même qu’il y a encore quelques années, même quelques mois. Non depuis peu elle se surprend à le voir autrement, elle n’arrive toujours pas à expliquer cela et il faut dire que l’espagnol ne l’aide pas vraiment. Alors elle tente de se débrouiller avec ça et tente de vivre comme avant, comme si c’était toujours la même chose. Téo et Thea, meilleurs amis pour la vie…

De nouveau au bras de son meilleur ami, Althea se sent bien et elle arrive même à plaisanter. Elle-même n’arrive pas à déceler la pointe de jalousie dans le son de sa voix alors qu’elle parle des éventuelles filles que peut ramener Matéo ce soir à la maison. Bien qu’elle compte faire la même chose, elle n’a pas envie que son colocataire rentre au bras d’une pimbêche.

_ Tsss tu pense qu’à l’alcool. Promis je ferais en sorte que cela se passe dehors, comme ça tu pourras boire autant que tu le veux !  

La réponse à sa question, elle l’attend toujours. La blondinette ne sait pas au fond si elle veut connaître la réponse, cela pourrait lui faire plus de mal qu’autre chose. Elle ne répond rien, de toute façon il n’y a rien à ajouté. N’a-t-il pas dit cela sur le ton de la plaisanterie ? N’a-t-il pas voulu faire comme si de rien n’était lorsque leurs lèvres s’étaient accidentellement touchés ?

Une fois dans l’appartement où se trouve la fête de ce soir, la blondinette se laisse entraîner dans un coin par le pompier. Elle observe un peu ceux qui se trouvent déjà là, histoire de voir si quelques uns des mâles sont à son goût. Ce soir elle ne veut vraiment pas rentrer seule, surtout si Matéo se trouve quelqu’un… Voulant se mettre dans l’ambiance, Althea propose un petit défi à son meilleur ami. Elle le regarde en souriant à sa réponse. Pas besoin d’être stimulé hein ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Il enchaîne alors sur une proposition.

_ Sérieux Téo de la bière ? Je ne te pensais pas aussi petit joueur…  

Elle le provoque le grand brun, sans même savoir pourquoi, comme si la blondinette à besoin de se confronter à lui, comme si le fait de faire ça changerait quelque chose ou lui apporte les réponses qu’elle attend.

_ Personnellement ça sera vodka pour moi. Quant à ma silhouette de rêve, elle est capable d’encaisser beaucoup plus que tu ne peux le penser…  

La preuve, ne s’en était-elle pas sortit indemne ? Sans plus la moindre trace de blessures ? Du moins physique, parce qu’à l’intérieur, c’est toujours le gros bordel.

_ D’ailleurs je crois qu’il va aller enflammer la piste de danse, histoire de faire un peu monter la température.  

La blonde s’éloigne alors de son meilleur ami, non sans lui adresser un clin d’œil avant de se jeter dans la foule, dandinant ses petites fesses.

 

Matéo esquissa un sourire à sa remarque, oh non si elle savait, il ne pensait pas qu'à l'alcool mais il pouvait encore faire comme si. Il avait l'impression que ce soir d'ailleurs il aurait bien besoin de se prendre une cuite. Pour oublier tous les petits problèmes qui avaient pu s'additionner ces temps-ci, pour oublier Eléanor, pour oublier Théa.

-C'est gentil de penser à moi.


Une fois dans l'appartement, Téo avait entraîné sa meilleure amie dans un coin pour être encore un peu tranquille et celle-ci proposa un défi. L'espagnol ne put s'empêcher de commencer à se mettre sur la défensive, à croire qu'en ce moment il y avait vraiment quelque chose qui clochait.  Il ne savait pas pourquoi mais cette soirée il ne la sentait pas.

-Si on commence à la vodka on va vite avoir fini la soirée.

Il posa son regard sur elle, se demandant à quoi elle jouait. Pourquoi est-ce qu'elle le provoquait ? Est-ce qu'elle voulait vraiment qu'ils terminent torchés tous les deux ? Il savait très bien qu'elle tenait l'alcool, pas mieux que lui tout de même mais enfin, elle n'avait pas besoin de lui prouver.

-S'il pouvait éviter d'encaisser, je préférerais, je l'aime bien comme ça.

Intacte, sain, bien portant. Oui, il préférait Althea comme ça. Il s'inquiétait pour elle, depuis toujours, mais avant il ne s'était jamais inquiété en soirée.Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il ne pouvait s'empêcher de la regarder s'éloigner vers la piste de danse avec un pincement au coeur, anxieux ?

Matéo se servit un verre d'alcool qu'il but cul-sec avant d'aller danser à son tour. Il était là pour s'amuser après tout. Alors pourquoi est-ce que ça ressemblait à de la surveillance ? Très vite, il fut accosté par une jolie fille et c'est non sans un très grand sourire qu'il accepta sa proposition de danse, l'attrapant par les hanches. Oublier, c'était pour ça qu'il était là après tout.
 

Les mots de Téo lui tirent un sourire, s’il savait combien de fois par jour elle pense à lui… Se demandant s’il serait là à son retour, et si ce serait à elle de l’attendre. Ce qu’il aurait à raconter. S’il ne rentrait pas du tout. Si on l’appelait pour lui dire qu’il c’était passé quelque chose, de grave. Ce qu’elle pourrait bien lui faire à manger. Simplement le fait de le voir. Elle le pousse gentiment en réponse avant de finalement rentré dans l’appartement.

Du coin où la trainait Matéo, la blonde regarde, observe, note. Il est hors de question qu’elle ne s’amuse pas ce soir, après avoir passé des jours enfermés chez elle à ne voir personne, après avoir enfin vu disparaître ces putains de bleus qui lui ravageait le visage. Elle propose alors un petit défi à son meilleur ami,  comme si comme ça elle va pouvoir prouver, se prouver quelque chose. La réaction du grand brun l’étonne un peu. Seulement de la bière ? Ce n’est pas vraiment son genre. Alors Althea le provoque, pour elle se sera vodka, il n’y a rien de mieux pour rapidement embrumé l’esprit et oublier toutes les merdes qui sont arrivé. Et la blonde elle en a à oublier.

Un regard provocateur posé sur son meilleur ami, elle répond :

_ Tu fais comme tu le sens Téo.

Un sourire moqueur sur le visage, elle se demande elle-même à quoi elle peut bien jouer. Puis elle se sent bizarre aux paroles du pompier. Il préférerait. Il l’aime comme ça. Elle l’a bien remarqué, vu sa réaction lorsqu’elle est rentré toute amochée. Mais il doit bien savoir qu’il n’y peut rien. Théa est maître de son corps et de ce qu’il lui arrive. Elle sait bien que son meilleur ami doit s’inquiéter, par rapport à ce qu’elle fait toute la journée, comme elle peut ressentir cette boule au fond de son estomac en entendant des sirènes. Elle imagine alors son meilleur ami partir en intervention, faire face au danger… Et si un jour il n’y arrivait pas ? Elle secoue la tête, la blondinette, préférant ne pas penser à cela, surtout pas ce soir.

Théa finit par lui faire un clin d’œil et se dirige vers la piste de danser pour bouger son petit corps. Sans un regard en arrière, elle regard autour d’elle, reconnaissant quelques visages, à qui elle adresse un sourire, puis se concentre sur les visages qu’elle ne connait pas. Elle se dandine au rythme de la musique, attendant que l’on vienne l’aborder, lui proposer de danser… C’est alors qu’elle le voit, Téo qui vient dansé lui aussi, et une pouf qui vient vers lui. La blondinette essaie de ne pas y faire attention, elle a besoin de boire, quelque chose, de fort. Se dirigeant vers le bar improvisé, elle se sert un fond de vodka qu’elle boit cul sec avant de se resservir une vodka pomme qu’elle boit plus lentement cette fois.

Son regard se porte sur la piste de danse. Téo s’amuse. Du moins il a l’air. Et c’est tant mieux non ? De le voir sourire, même si c’est grâce à quelqu’un d’autre. Elle les fixes quelques secondes, avant de s’en rendre compte. Elle finit son verre et va de nouveau sur la piste de danse. Il n’y a pas de raison qu’elle ne s’amuse pas elle aussi. Un mec mignon s’approche d’elle et lui fait signe de danser avec lui. Un sourire sur les lèvres elle se rapproche de lui avant de se mettre remuer le popotin. Mais le regard de la blonde est toujours attiré par son meilleur ami, qui se trouve non lui de là. Leurs regards se croisent et elle en profite pour se pencher à l’oreille de son cavalier, lui indiquant son nom, un sourire aux lèvres. Théa que cherches-tu à faire ?
 

 

Elle le provoquait de plus en plus et si d'ordinaire Téo aurait trouvé ça amusant, là ça le mettait mal à l'aise. Il ne savait pas comment réagir, il ne savait pas s'il devait réagir comme un gamin et relever le défi ou comme un adulte un peu rabat-joie, ce qui ne lui ressemblait pas, et agir de façon raisonnée.

Mais l'espagnol n'a pas le temps de répondre que Thea est déjà parti sur la piste de dedans en lui adressant un clin d’œil. Après tout, ils sont là pour s'amuser, tous les deux, alors il la rejoint avant de se faire aborder pas une fille. Ce genre de choses, ça ne se refuse pas. Alors Téo s'amuse, ne lançant que de bref regards à Théa pour voir où elle est, ça le rassure. Le grand brun a toujours cette petite boule au fond de lui, cette peur qu'elle disparaisse comme par magie. Mais sa partenaire était quand même ce qui focalisait le plus son attention et il la faisait danser en échangeant quelques sourires entendus.

Il n'avait pas vu sa meilleure amie filer vers le bar. Il n'avait pas vu les verres de vodka qu'elle venait de boire. Mais il l'avait très bien vu danser au bars d'un autre. Il n'était pas sûr d'être jaloux, il se sentait juste bizarre. Lorsque leurs regards se croisèrent, il esquissa un sourire, mais rapidement elle chuchota à l'oreille de son cavalier. Il était vexé, de ce manque d'intérêt. Il était jaloux qu'elle puisse lui chuchoter des mots doux. Alors il opta pour la réaction la plus stupide qu'il puisse avoir et embrassa sa partenaire qui, visiblement, n'attendait que ça. De toute façon qu'est-ce que ça pouvait bien faire ? Si Thea n'avait pas été là, il l'aurait fait depuis longtemps. Elle était jolie, il lui plaisait, il ne se prenait pas plus la tête que ça d'habitude.
 

Althea est perdue. Althea ne sait plus quoi faire, quoi penser de la situation. Althea n’arrive à s’expliquer ce qui se passe. Et ça, ça l’énerve Althea. Elle n’aime pas lorsqu’elle n’a pas la maitrise de la situation, et là ce qui se passe avec Matéo, ce qui se passe en elle, lui échappe totalement. Alors elle réagit comme elle le peut la blondinette, elle cherche à faire mal, aux autres, à elle, elle provoque, elle joue. Elle est plus Althea. Elle s’est perdue en chemin…

Comme si elle avait quelque chose à prouver, la demoiselle affirme à son meilleur ami que ce soir, pour elle c’est vodka et rien. Ce soir, elle se met la tête à l’envers et ne rentre pas seule, surtout pas. Mais elle sait que Téo est pareil, qu’il n’est pas du genre à sortir d’une soirée sans une jolie fille à son bras et ça elle ne le veut pas. Elle n’est pas juste, mais Théa s’en fous. Elle finit par laisser l’espagnol dans son coin pour rejoindre la piste de danse, lui adressant un clin d’œil par la même occasion. Il est temps de s’amuser, d’enflammer la piste de danse et le cœur des prétendants. Alors elle danse, elle bouge, elle sourit jusqu’à ce qu’elle le voit, le pompier, grand et beau qui se faufile au milieu de la foule et qui se fait happé par une demoiselle. Théa se met à le fixer, à les fixer avant de se diriger vers le bar. Il faut à boire, un truc pour lui endormir le cerveau et qu’elle arrête de penser à tout cela, à ce qu’elle ressent et qu’elle n’arrive pas à expliquer. Matéo Artega est son ami, son meilleur ami, sa moitié, depuis toujours et à jamais. Alors pourquoi ça change, pourquoi le regard qu’elle pose sur lui n’est plus le même ? Pourquoi est-elle… Jalouse ? Est-ce le mot qu’elle recherche ?


La blondinette finit par revenir sur la piste de danse, elle sent déjà l’alcool couler dans se veines, calmants ses ardeurs, ou peut-être au contraire, les excitants. Un jeune homme s’approche d’elle, l’invite à danser et elle s’exécute, le sourire aux lèvres. Il est mignon, ça fera l’affaire pour ce soir. Alors qu’elle se met à bouger, son regard est attiré par le brun, un peu plus loin. Elle essaie de ne pas le faire, de ne pas y penser, mais c’est plus fort qu’elle. Alors elle fait une connerie, elle le fait exprès, elle provoque, elle joue avec le feu. Tout en fixant du regard Matéo, un sourire aux lèvres, elle se penche à l’oreille de son cavalier pour lui faire part de son nom.

Et Althea se brûle.

Dans les bras d’un inconnu, son cœur s’accélère, mais pas pour cette raison. Non seulement parce qu’elle ne peut détourner le regard de la scène que lui offre son meilleur ami. Il l’embrasse, cette fille si jolie qu’il ne connait même pas. Elle ne se sent pas bien la blonde, elle à du mal à respirer, elle se sent partir. Alors elle se colle à son cavalier, passe ses bras autour de son coup pour se retenir de tomber. Pour lui c’est autre chose, et il passe alors ses bras autour de sa taille. Ce n’est pas grave, cela ne la dérange pas, bien au contraire, ça la ramène à la réalité. Elle doit rentrer avec quelqu’un ce soir, elle ne doit pas être seule dans son lit pour passer la nuit, et cette personne ne doit pas être Matéo. Cela ne peut être possible.

Alors Théa continue de danser, ainsi, aussi proche de son cavalier, qui est aux anges. Elle a les yeux fermés, elle ne veut pas voir ce qu’il se passe autour d’elle et surtout pas son meilleur ami. La musique se termine et elle recule, plantant son regard dans celui de son cavalier. Elle lui propose d’aller boire un verre, de s’aérer un peu la tête. Il accepte et la suit. Il a regard d’un drôle d’air alors que la blonde avale cul sec un verre de vodka mais ne dit rien, il n’y a rien à dire après tout.

 

Matéo, il avait presque autant besoin qu'Althea de se changer les idées, de prendre l'air, de voir des mecs, des filles, n'importe qui, de boire, de faire la fête. Ouais il avait besoin de tout ça, parce que ces derniers jours à s'occuper de sa meilleure amie, à penser qu'un jour elle ne pourrait en réchapper, avaient été incroyablement stressants. Il avait besoin de se détendre et il ne savait pas pourquoi cette sortie avec la blonde avait commencé à le crisper, c'était comme s'il sentait que ça risquait un peu trop de mal finir.

Alors, comme si ça pouvait améliorer les choses, il s'était mis à agir comme d'habitude, ou plutôt, comme avant. Il s'était laissé conquérir par une jolie fille qui semblait avoir les mêmes besoins que lui et s'était désintéressé pendant un moment de Théa. Après tout, elle pouvait vivre sa vie et lui la sienne. Alors qu'il avait relevé les yeux, croisant son regard, elle s'était rapproché de son cavalier. Pourquoi est-ce que ça le blessait autant ? Pourquoi il avait réagit de la façon la plus stupide qui soit, c'est-à-dire embrassé sa cavalière juste sous son nez ? Pourquoi est-ce qu'il avait pensé que c'était une solution ? C'était stupide, beaucoup trop stupide pour qu'il soit dans son état normal. Mais il ne pouvait plus revenir en arrière. Continuant de danser avec la belle inconnue, il s'interdit de lever les yeux vers Althea, il ne voulait pas la voir roucouler avec ce mec, il ne voulait pas se faire du mal. Il n'était pas masochiste, il était encore assez censé.

Enfin, la musique se calma un peu et si Matéo était plutôt disposé à aller s'asseoir dans un coin à boire un peu, sa cavalière semblait avoir de tout autres projets. Pas farouche pour aujourd'hui, l'espagnol se laissa emmener jusque dans un petit recoin, un peu plus loin du reste des invités. Elle semblait savoir ce qu'elle voulait et d'ordinaire ce n'était pas pour lui déplaire, mais là il ne se sentait pas assez alcooliser pour céder à ses avances.

-Je vais me chercher un verre.

L'abandonnant quelques minutes, la vodka lui sembla être un encore meilleur remède. Il s'arrêta une seconde en regardant Théa. Elle ne semblait pas bien, enfin, pas si bien qu'elle essayait de le paraître. Il la connaissait bien sa meilleure amie, elle ne pouvait le tromper. Mais il la connaissait aussi assez pour comprendre que sa présence n'était pas ce qu'elle désirait le plus. Il se contenta alors de lui adresser un sourire forcer. Putain, ce que ce mec avait l'air con. Elle méritait bien mieux que ça, non ? Il se refusait à imaginer ce qu'ils allaient faire. Alors qu'il avait attraper la vodka et un verre, sa partenaire se jeta sur lui, semblant trop impatiente pour attendre qu'il hydrate sa gorge.

-Aller Téo viens, j'ai tout ce qu'il faut pour qu'on s'amuse tu sais...

Il tiqua alors qu'elle l'appela par son surnom. Il n'avait pas l'habitude de l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre que de Théa.

-Oui oui, je m'envole pas...

A lui de boire son verre cul sec.

 

Elle était perdue la petite blonde, par ce qui était en train de se passer tout autour d’elle, face à elle, entre Téo et cette fille, à l’intérieur d’elle-même. Althea ne comprend pas ce sentiment qui l’envahi peu à peu pour s’emparer totalement d’elle et la faire devenir folle.  Alors elle ferme les yeux, elle fait l’autruche, si seulement cela marchait, si seulement la demoiselle ne se faisait pas autant de mal à imaginer son meilleur ami dans les bras d’une autre… Pourquoi elle pense à ça ? Pourquoi ça lui fait tant de mal ? Pourquoi maintenant bordel…

Fermer les yeux, danser au rythme de la musique, ne penser qu’aux mains qui lui enserre la taille, aux épaules qu’elle a entre les bras, la tête posé sur l’une d’elle. Théa à trouvé un homme avec qui passer sa soirée, avec qui passer sa nuit, elle sait qu’il n’attend que cela, et c’est la raison première de sa venue à cette fête ce soir. Non il n’y a pas l’attrait de l’amusement ce soir, seulement un but : ne pas passer la nuit toute seule. Mais plus elle y pense, moi elle en a envie, elle n’as plus envie de rien, juste d’arrêter de penser, de se faire du mal en s’imaginant des choses. Comprendre. Oui elle aimerait comprendre la blonde, ce qui est en train de lui arriver, ces sentiments qui s’emparent d’elle à chaque fois qu’elle pense à Matéo.

La musique se termine, et lentement Althea ouvre les yeux, elle évite bien soigneusement de regarder dans la direction de son meilleur ami et se concentre sur l’homme contre elle. Elle à besoin de prendre l’air, elle étouffe soudainement au milieu de toutes ces personnes, cette musique trop forte à ces oreilles. Entrainant avec elle son cavalier, elle se dirige vers le bar et attrape la bouteille de vodka qui se trouve à sa portée, elle s’en verse un fond dans un verre qu’elle boit cul sec. La demoiselle surprend son regard mais elle s’en fout, ce soir elle à décidé de faire ce qu’elle avait envie, et là tout de suite elle veut boire, elle veut sentir l’ivresse s’emparer d’elle. Elle se ressert un verre, avec du coca cette fois, alors que son cavalier fait de même et se met à parler. Elle ne l’entend même pas, se contente de hocher la tête et de lui sourire.

Du coin de l’œil, Teller ne peut s’empêcher d’observer son meilleur ami, d’ailleurs il se dirige vers elle, ou du moins le bar. Il passe à coté d’elle, un sourire sur le visage. Si fade, si faux. Elle le sait, Téo elle ne le connait que trop bien pour savoir que ce sourire qu’il lui adresse n’est qu’une façade. Son attention se reporte sur son cavalier, essaie de ne pas penser à son meilleur ami, juste derrière elle, à quelques pas et pourtant si loin. Elle adresse une réponse au jeune homme qui lui fait face, histoire qu’il ne se rende pas compte de son désintéressement pour sa personne, elle est gentille Théa, elle ne veut pas lui faire de mal malgré tout.

La blondinette porte son verre à ses lèvres et manque de tout recracher alors que ces oreilles captent le son d’une voix féminine. Téo. Elle l’a appelait Téo. Elle a osait. Et lui ne dit rien. Pourquoi ça lui fait tant de mal d’entendre cela ? Pourquoi soudainement elle voit rouge ? Pourquoi elle ne pense seulement qu’à attrapé cette poupée blonde pour lui exploser la tête contre la table ? Théa se retourne lentement, un regard noir enflamme ses yeux, qu’elle pose sur le couple derrière elle. Son meilleur ami est en train de boire un verre, la bouteille de vodka encore à la main. Et cette pouf qui se trémousse à coté de lui, beaucoup trop près…

_ Il faut que je sorte…

Plus pour elle que pour son cavalier, elle chuchote ses mots, posant d’une main tremblante son verre sur la table. Elle fait un pas, puis un autre, dans la direction de Téo, mais surtout de cette fille, qui pourtant ne lui a rien fait et qu’elle déteste. Oui là tout de suite, Althea serait capable de lui faire du mal, beaucoup de mal… Elle s’apprête à passer à coté d’elle et au dernier moment fait un pas sur le coté, la percutant de plein fouet et l’envoyant s’étaler par terre. Elle se retient de ne pas se sourire, de ne pas montrer que cela lui fait plaisir, mais surtout qu’elle la fait exprès. Quelques personnes se sont retournés en voyant la chute, Théa fait de même, regardant la fille de haut, se contentant de dire :

_ Oups.

Elle ne tend pas la main pour l’aider à se relever, elle regrette simplement qu’elle ne se soit pas fait mal, que son gros cul ait amorti le choc.

_ Désolée.

Une excuse sans conviction lancé comme ça, en haussant les épaules. La blondinette tends alors la main vers la bouteille d’alcool que tiens Matéo et le lui prend, lui adressant un sourire faussement sincère. Elle en boit une gorgée, à même le goulot, avant de leurs tourner le dos, marchant droit devant elle, cherchant une sortie.


 

Passer un moment avec une fille, Matéo ne crachait jamais dessus. Pourquoi d'ailleurs ? Il n'allait pas s'en priver quand elles se jetaient à ses pieds, il n'avait jamais forcé personne. Mais il ne savait pas pourquoi, aujourd'hui cette fille ne lui faisait pas le même effet que les autres. Il avait à peine envie de la conquérir, de surenchérir. Il avait presque envie de la fuir. Même s'il n'en laissait rien paraître, il n'était pas aussi à l'aise que d'habitude. Il était perdu, et plus encore quand il regardait cette merveilleuse blonde, quelques mètres plus loin, sa Théa, sa meilleure amie, elle. Il n'arrivait pas à se la sortir de la tête, il ne voulait même pas le faire. Elle était là... Pourquoi est-ce qu'elle semblait lui en vouloir ? Pourquoi est-ce qu'elle semblait être aussi mal ?

L'espagnol finit par se diriger vers le bar pour boire un peu au grand désarroi que sa prétendante, mais celle-ci ne le lâcha pas d'une semelle pour autant. Matéo s'est désintéressé de sa meilleure amie pendant quelques minutes, reportant son attention sur l'autre fille, buvant son verre. Elle en était presque mignonne à être aussi collante. Son attention un peu trop focalisée sur ses courbes, le beau brun ne vit pas Althea avancer vers eux et venir renverser sa nouvelle conquête. Il leva la tête vers elle, surpris, et comprit assez rapidement que c'était intentionnel. Il la connaissait. D'ordinaire ça l'aurait fait rire. S'il s'était agi d'une autre fille, il aurait ri. Mais là c'était sa Théa qui commençait à chercher les ennuis à cette fille qui ne lui avait pourtant rien fait... Non en fait, il en avait carrément rien à carrer de cette fille. Mais pourquoi, pourquoi est-ce que son cœur se mettait à battre aussi vite ? Il n'arrivait à décrire ce qu'il ressentait, cette putain de sensation mais... Il n'allait pas la laisser partir ainsi.

Théa lâcha une excuse aucunement sincère avant de prendre la bouteille des mains de Matéo. Le brun la regarda confus quelques secondes avant de tendre la main à la femme au sol pour la ramasser et de rattraper sa meilleure amie. Il en avait rien à faire de cette pauvre fille qui s'était mise à geindre et chouiner pour qu'on fasse attention à elle. Non, ces cris étaient déjà bien loin.

-Théa attends...

Sûr de lui, il saisit son poignet pour la retourner vers elle. Il fallait qu'ils parlent, au milieu des autres, à l'écart, n'importe où, il fallait juste qu'ils mettent les choses à plat, que cette putain de tension s'arrête parce qu'il n'y avait jamais eu ça entre eux et Téo ne voulait pas que ça commence maintenant. Mais quand il plongea son regard dans ses grands yeux bruns, il se sentit totalement désarmé.

-Je...

Il bégayait, bredouillait, ne savait plus rien articuler d'intelligible. Il n'avait jamais fait face à une situation de conflits, de non dits avec elle, il ne savait pas quoi faire. Désespéré de sa propre attitude, il soupira et fit un pas un arrière avant de l'embrasser sur le front.

-Je vais rentrer, amuse-toi bien.

Jamais une soirée n'avait été aussi courte.


 

Althea ne se contrôle plus, elle passe une mauvaise soirée, n’en connait pas la raison, ou tout du moins ne veut  pas y penser, et voilà qu’elle commence à voire rouge. Ce mec qui la soule au final, cette fille qu’elle jalouse. Elle ne comprend absolument rien de ce qui lui arrive. Alors elle boit, ce qui n’est clairement pas une bonne idée. Elle cherche à penser à autre chose, elle cherche les effets apaisants de l’alcool, qui l’emporte loin d’ici, mais au final ça ne fait que plus de mal que bien. Elle écoute vaguement son cavalier, se demandant si finalement elle va rentrer avec.  Mais alors avec qui ? Elle secoue la tête, chassant le prénom qui lui vient à l’esprit. Bien sûr qu’elle va retourner à l’appartement avec Matéo, puisqu’ils habitent ensemble, puisque c’est lui qui l’a conduise jusqu’ici.

C’est alors qu’elle entend que l’on prononce le surnom qu’elle donne à son meilleur ami. D’une voix féminine. Qui n’est pas la sienne. Et personne ne la reprend. Téo ne dit rien, il ne lui dit pas de ne pas l’appeler ainsi, que personne d’autre à part Théa doit le faire… Il ne dit rien… La blondinette se met à trembler, elle ne se contrôle, de folles idées lui passent par la tête, mais elle sait que l’alcool y ait pour beaucoup, si cela ne lui montait pas déjà au cerveau elle aurait eu un comportement cohérent. Mais avec des ‘si’ on referait le monde. Elle pose son verre de sa main tremblante et se retourne. Son cavalier lui lance un regard interrogateur, elle s’en fout complètement. Elle lui tourne le dos et avance droit devant.

Pendant quelques secondes, sa morale lui parle, lui dis de continuer tout droit, de ne pas s’attarder, de ne surtout pas faire de conneries. Mais qu’est-ce qu’elle en a à foutre de sa morale ? Au dernier moment Althea fait un pas sur le coté et bouscule la jeune femme qui se trouvait près de Matéo. Elle l’envoie par terre, se retient de rire et s’excuse vaguement. Elle se fout littéralement de sa gueule. Et le pire c’est que ça l’amuse. Son regard croise celui de son meilleur ami, et elle y lit quelque chose dedans, sans qu’elle puisse le déchiffrer. Il doit savoir qu’elle la fait exprès. Se demande-t-il pourquoi ?

Finalement la blonde tend le bras pour prendre la bouteille de vodka que tient encore Matéo, en boit une gorgée avant de s’en aller, tournant le dos à toutes ce conneries. Elle s’en va, la tête haute, sa bouteille à la main. Elle a presque atteint la porte de l’appartement quand elle entend son prénom. Elle reconnait la voix, elle la connait par cœur. Elle ne veut pas se retourner mais Matéo l’attrape par le poignet, la force à lui faire face. Théa lève les yeux vers lui.

_  Qu’est-ce qu’il y a ?

Il a l’air perdu, presque autant qu’elle. Mais elle ne le sait, elle n’en sait rien la blondinette. Il commence à parler. Et s’arrête. Comme s’il allait lui dire quelque chose d’important et se retient au dernier moment. Ça l’énerve. Il finit par soupirer, et reculer en la lâchant. Althea baisse les yeux vers sa main qui se sépare d’elle, qui s’éloigne… Il l’embrasse sur le front et prononce une dernière phrase. Tout ça pour ça ? Ce n’est pas ce qu’elle attendait la demoiselle, elle ne savait pas à quoi s’attendre, ni même ce qu’elle voulait, pas surement pas ça.

_  Ouais c’est ça, rentre.

Et elle, qu’est-ce qu’elle va faire ? Elle n’a pas envie de retourner à la fête, plus envie de courir après les mecs pour savoir lequel elle va mener jusqu’à son lit. Peut-être qu’elle va rentrer elle aussi, avec sa bouteille, sa peine et ses questions plein la tête.
 
 

Matéo a regardé sa cavalière tomber au sol sans rien faire, trop surpris, pas assez attaché, et maintenant il voulait juste comprendre. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que Théa faisait ça ? Est-ce qu'elle voulait attirer son attention ou lui faire passer un message ? Le brun était complètement perdu, après tout, comme la plus grande partie de la population, il fallait lui dire les choses clairement pour qu'il comprenne, les signaux c'était pas vraiment son truc. Mais là, c'était plus des signaux, là ça partait en couilles, et trop vite pour lui. Il se sentait perdre totalement pied, ne plus pouvoir la retenir, ne plus pouvoir rien faire pour que tout reste comme avant. Est-ce que c'était leur amitié qui s'effritait ? Est-ce qu'ils devenaient trop différents ? Ou alors... trop proches ? Putain, c'était à s'en cogner la tête contre un mur.

L'espagnol avait finit par rattraper sa meilleure amie, tentant d'entamer un dialogue jusqu'à voir ses yeux, son regard... C'était tellement déstabilisant. Qu'est-ce qu'il y avait ? Tellement de choses bordel. Un monde entier à refaire. Mais il n'y arrivait pas, il n'arrivait pas à mettre de mot sur ce qu'il ressentait, il n'arrivait pas à lui dire tout ça qu'il... l'aimait ? Mais elle le savait déjà, ça. Putain de frustration. Alors il déclara qu'il allait rentrer, ne s'attendant pas vraiment à une réaction particulière mais certainement pas à ce qu'elle l'encourage à partir. Qu'est-ce qu'il devait comprendre là ? Il baissa son regard vers elle, surpris, vexé, fâché. Il se contenta de hausser les épaules, avant de grogner, se retenant de crier.

-Je ne savais pas que tu avais si peu envie de me voir. Mais si tu veux je vais rentrer chez mes parents aussi, comme ça ça te fera de l'air, t'auras plus besoin de me supporter, et puis t'auras deux chambres rien que pour toi pour ramener autant de mecs que tu veux.

Le grand brun se retourna, n'attendant pas qu'elle le pousse encore à partir, il était déjà assez blessé comme ça, et il avait besoin de taper sur quelque chose alors autant faire que ce ne soit pas elle. Il enfonça la porte d'un coup de pied pour sortir faisant quelques pas à l'extérieur avant de taper dans un mur, s'il n'avait pas eu une aussi grand monté l'adrénaline, il aurait sûrement ressenti la douleur, mais là non, là c'était autre chose. Merde, c'était quoi leur problème ?
 
 

Althea n’est plus là, ce n’est pas elle la fille qui se met en colère et s’en prend à une autre fille, juste comme ça, par jalousie. Non ce n’est pas elle, ça ne peut pas être elle. La jeune femme ne se reconnait pas, et encore moins quand elle se voit dans les yeux de son meilleur ami. Alors elle fait ce qu’il y a de plus stupide, attrape la bouteille d’alcool que Matéo tient encore dans la main et s’en va avec. Elle essaie de fuir, ce n’est pourtant pas dans son habitude, mais là elle n’y comprend plus rien et elle à peur de trop se perdre, de ne jamais retrouver le chemin…

Alors que la blondinette s’apprête à sortir de l’appartement, l’espagnol la rattrape et la force à lui faire face. Elle attend, qu’il dise, qu’il fasse quelque chose mais là seule chose qui sort de sa bouche est qu’il va partir. Bien. Très bien. Il ne manquait plus que cela, que son meilleur ami s’en aille. Qu’il la laisse planté là. Qu’il fasse comme si de rien n’était, comme s’il y avait pas cette putain de tension entre eux deux. Sa réaction elle ne la contrôle pas vraiment, ni même les mots qu’elle prononce. En voyant le regard que Matéo pose sur elle, Théa regrette instantanément. Ce n’est pas ce qu’elle veut, elle ne veut pas se disputer, elle ne veut pas qu’il lui en veuille pour n’importe quel raison. La blondinette veut juste que tout se bordel prenne fin. Alors qu’elle s’apprête à s’excuser, Matéo en rajoute une couche.

Althea arrête de respirer. Althea à mal, terriblement mal au cœur. Althea recule d’un pas. Althea regard son meilleur avec horreur. Pense-t-il vraiment tout ce qu’il dit ? Est-ce comme ça qu’il la voit ? Qu’il ressent leur amitié ? Les larmes lui montent aux yeux, elle baisse le regard, ne veut pas croiser le sien, elle ne veut pas lui montrer à quel point elle est blessé, à quel point elle a mal dans son petit cœur qui bat la chamade. Puis la tristesse laisse place à la colère.


_ Si tu me vois ainsi, comme une fille facile alors oui tu n’as pas de raisons de rester…

Téo lui tourne le dos et défonce presque la porte pour sortir de l’appartement. La blondinette reste sans voix, des larmes plein les yeux, quelques uns s’échappent pour couler le long de ces joues. Elle se demande quand tout à déraper comme ça, quand est-ce que tout est parti en couille. Depuis quand ils n’arrivent plus à se parler, depuis quand ils ne se comprennent plus ? La demoiselle laisse échapper un sanglot, et lâche la bouteille de vodka qui vient s’écraser à ces pieds. Par je ne sais quel miracle elle ne se casse pas. La musique résonne à ces oreilles, l’empêche de réfléchir correctement, et puis ces gens qui la regardent, se demandant ce qui peut bien se passer. Alors Théa sort elle aussi de l’appartement.

Dehors elle ne voit personne, son meilleur ami à déjà disparu, elle descend les escaliers à toute vitesse, manquant de rater une marche et de s’étaler de tout son long. Elle se cogne contre la porte d’entrée de l’immeuble avant de trouver comment l’ouvrir et se précipite dehors en cherchant Téo des yeux. Elle ne peut pas le laisser partir, pas comme ça, pas sur ces paroles. Ne sait-il pas qu’elle ne peut pas vivre sans lui ? L’air frais la frappe au visage mais elle n’y fait pas attention, tout ce qu’elle cherche à savoir c’est où est passé le grand brun. Il faut qu’elle le rattrape et qu’elle lui dise. Mais lui dire quoi ? Hein, Althea, qu’est-ce que tu vas lui dire une fois que tu l’auras retrouvé ?

Elle ne sait pas et se dit qu’elle avisera sur le moment. Oui elle trouvera bien quelque chose à dire une fois en face de lui. Alors la blonde se met à courir entre les voitures, le long de la rue avant de l’apercevoir un peu plus loin, marchant sous la lumière des réverbères. Elle se met à courir, toujours plus vite, se rapproche de lui et se met à crier.

_ TEOOOOO !

Elle ne peut pas le laisser partir comme ça, elle doit le retenir, elle le sent au plus profond d’elle-même. Théa continue de courir, et le pompier se retourne, lui fait face. Sans même ralentir, elle continue sa course pour venir se jeter dans les bras de son meilleur ami. Elle le serre, comme si sa vie en dépendait. Elle est essoufflée.

_ Pardonne moi Téo, pardonne moi…

Ses pieds ne touchant plus terre, tenue par les bras forts de son meilleur ami, de l’homme de sa vie, Théa recule alors la tête pour le regarder dans les yeux. Et elle plonge vers lui, plaquant sa bouche contre la sienne… Cette fois c’est un véritable baiser, pas un accident, par ce qu’elle en a envie, elle ne rêve que de ça depuis des jours, elle ne l’avait juste pas compris avant.  

Le baiser prend fin, elle reprend son souffle, plonge son regard dans celui de son meilleur ami avant de se rendre compte de ce qu’elle vient de faire… Elle a embrassé Téo, son meilleur ami. Alors qu’il desserre un peu son étreinte, la blondinette en profite pour s’échapper de ses bras et fuit dans la nuit.

 

Matéo est blessé, et comme le taureau dans l'arène ça ne le rend que plus agressif. Il ne devrait pas réagir comme ça, il devrait être calme, se poser, comprendre, discuter. Mais il n'y arrive pas, il a le sang chaud, il le sait, elle le sait. Il a bu, aussi, pas tellement, mais assez pour réfléchir encore moins que d'habitude. Il n'aime pas les situations de conflits, il préfère quand tout est simple alors il crie, il réagit de façon stupide et au fur et à mesure qu'il s'énerve il voit le regard horrifié de sa Théa. Il est méchant, bêtement méchant, il le sait mais elle l'a vexé. Alors il se retourne, tourne les talons pour ne pas voir plutôt longtemps ses yeux. Ça lui fait mal, et plus il restera là plus il aura mal. S'il la voyait comme une fille facile ? Bien sûr que non, il n'y pensait pas une seconde. Elle n'était pas comme ça, elle était... sa meilleure amie. Mais il était jaloux, tellement jaloux qu'il disait n'importe quoi, pour lui faire mal, pour se soulager, mais ça ne le soulageait pas. Il s'en voulait, il était entrain de s'en vouloir alors mieux valait qu'il sorte.

La grand brun sortit puis tapa dans un mur. Geste inutile, geste puéril, geste sans aucun sens mais ça fait du bien, ça vide un peu sa colère, ses nerfs. Il entend un bruit sourd dans l'appartement, comme quelque chose qui tombe, ça le sort de sa torpeur et le pousse à s'en aller. Il descend les escaliers, rapidement, il passe la porte et commence à marcher dans la rue, il ne sait pas trop vers où. Il devrait prendre la voiture et rentrer mais il ne sait pas s'il préférerait pas plutôt rentrer à pied. Alors il continue à marcher sans prendre de décision, il n'aime pas prendre de décisions, surtout en ce moment. Il veut qu'on lui foute la paix, qu'on le laisse dans son monde, il voulait rester un ado insouciant, toujours. Alors pourquoi est-ce que ça ne se passe pas comme ça ?

Il marche, il continue de marcher et soudain il entend son nom. Il se retourne, il la connait cette vois, c'est Althea qui l'appelle, c'est sa Théa qui court vers lui. Il la voit courir et ne dit rien, ne fait rien, il la regarde juste et ouvre les bras alors qu'elle est tout près. Il lui en veut, il lui en veut de lui avoir dit tout ça, mais il s'en veut encore plus d'avoir raconté des horreurs. La beau brun se mit à la serrer de toute ses forces dans ses bras répondant à son étreinte. Son cœur battait si vite.

-C'est ma faute Théa, pleure pas, pleure pas.

Il s'était mis à murmurer, glissant une main dans ses cheveux, voulant tout effacer, tout ce qu'il avait dit, tout ce qu'il avait fait, il voulait que tout redevienne comme avant. Mais Théa ne semble pas vouloir prendre ce parti. Il sentit ses lèvres se plaquer contre les siennes. Il ne s'y attendait pas, il a dû mal à réagir mais alors qu'il veut saisir sa nuque pour lui rendre son baiser elle s'enfuit, elle s'échappe, elle glisse entre ses doigts comme de l'eau.

-Théa reviens !

Elle a pas le droit, pas le droit de s'enfuir, de l'abandonner comme ça. Alors il se met à courir, à la suivre, il a peur, il a tellement peur de la perdre.